Bilan de l’année 2022 : l’heure de vérité pour la Palestine

Par Faris Giacaman, Yumna Patel, Mariam Barghouti

2022 a dissipé les dernières illusions selon lesquelles la collaboration des Palestiniens avec Israël était durable et que le sionisme puisse être autre chose qu’un mouvement en guerre perpétuelle contre le peuple palestinien.

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2022 a été un moment de vérité.

L’année a mis à nu la réalité politique en Palestine, du fleuve à la mer, dissipant toutes les illusions que nous pouvions avoir sur la nature du « conflit x, comme l’ont nommé avec désinvolture les grands médias. Deux de ces illusions peuvent être écartées immédiatement : pour les Palestiniens, que le collaborationnisme de l’Autorité palestinienne peut être maintenu indéfiniment, et pour l’État israélien, que le sionisme est autre chose qu’un projet colonial de peuplement qui doit constamment être en guerre avec le peuple palestinien.

Deux développements principaux ont rendu ces vérités claires et dépourvues d’ambiguïté.

En Cisjordanie, ce fut le retour de la résistance armée organisée pour la première fois depuis la… lire la suite

Bilan de l’année 2022 : l’heure de vérité pour la Palestine

 

Expulsion de Salah Hamouri : ils ont osé !

 

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Israël a expulsé dimanche 18 décembre au petit matin Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, détenu sans accusation formelle dans les geôles israéliennes depuis le mois de mars. Salah Hamouri a été conduit de force vers la France par décision de la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked, qui lui avait déjà retiré son statut de résident à Jérusalem « pour défaut d’allégeance à l’État d’Israël. »

Celle-ci s’est même félicitée de cette atteinte évidente aux droits humains les plus élémentaires en déclarant « C’est un formidable accomplissement d’avoir pu provoquer, juste avant la fin de mon mandat, son expulsion. » Le cynisme est total, de la part des représentant.e.s d’un gouvernement d’apartheid qui après des années et des années de harcèlement contre lui, voulaient absolument se débarrasser de ce militant acharné des droits humains.

En dépit des nombreuses prises de position des ONG internationales et des experts de l’ONU pour la libération de Salah Hamouri et pour son droit à vivre en famille à Jérusalem, Israël en le forçant à l’exil, agit encore une fois en toute impunité et en violation totale du droit international.

Aujourd’hui, la France condamne ce passage en force des autorités israéliennes qui se révèle être un vrai camouflet pour la diplomatie française. De simples déclarations de principes n’allaient pas les arrêter. L’impunité dont jouit Israël depuis tant années l’autorise à faire ce qu’il veut ! Pour y mettre fin des sanctions diplomatiques et économiques s’imposent. La France et les instances internationales doivent cesser de considérer Israël comme un État de droit mais comme un État criminel.

Cette expulsion est un transfert forcé, c’est un crime de guerre ; elle est la marque d’un pouvoir israélien qui se sait tout permis. Elle démontre l’urgence d’une réelle protection du peuple palestinien face à des menaces qui risquent encore de s’accentuer dans les prochains mois, avec l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite israélienne la plus radicale.

Le combat de Salah Hamouri contre le processus de nettoyage ethnique de ce gouvernement d’apartheid ne cessera pas avec son expulsion de sa patrie.

« Résistance, libération, retour » a déclaré Salah Hamouri à sa descente de l’avion. C’est aussi le combat de l’AFPS, nous continuerons de le mener avec lui et avec l’ensemble du peuple Palestinien.

Le Bureau national de l’AFPS le 19 décembre 2022

un monde sans mur le 9 novembre 2022

un monde sans mur le 9 novembre 2022

C'est l'apartheid, disent les ambassadeurs d'Israël en Afrique du Sud.

D’anciens ambassadeurs d’Israël en Afrique du Sud témoignent: « Lors de notre mission d’ambassadeurs d’Israël en Afrique du Sud, nous avons côtoyé la réalité de l’#Apartheid et les horreurs qu’il inflige, cela nous a permis de prendre conscience de la réalité chez nous en Israël. »

 

C’est l’apartheid, disent les ambassadeurs d’Israël en Afrique du Sud.
“Il est plus clair que jamais que l’occupation n’est pas temporaire et que le gouvernement israélien n’a pas la volonté politique d’y mettre fin.”
Au cours de nos carrières dans le service extérieur, nous avons tous deux occupé le poste d’ambassadeur d’Israël en Afrique du Sud. À ce poste, nous avons appris de première main la réalité de l’apartheid et les horreurs qu’il infligeait. Mais plus que cela, l’expérience et la compréhension que nous avons acquises en Afrique du Sud nous ont aidés à comprendre la réalité chez nous.
Depuis plus d’un demi-siècle, Israël règne sur les territoires palestiniens occupés avec un système juridique à deux niveaux, dans lequel, sur une même parcelle de terre en Cisjordanie, les colons israéliens vivent selon le droit civil israélien tandis que les Palestiniens vivent selon le droit militaire. Ce système est caractérisé par une inégalité inhérente. Dans ce contexte, Israël s’est efforcé de modifier à la fois la géographie et la démographie de la Cisjordanie par la construction de colonies, qui sont illégales au regard du droit international. Israël a fait avancer des projets visant à relier ces colonies à Israël proprement dit par le biais d’investissements intensifs dans le développement des infrastructures, et un vaste réseau d’autoroutes et d’infrastructures d’eau et d’électricité a transformé l’entreprise de colonisation en une version confortable de la banlieue. Tout cela s’est produit parallèlement à l’expropriation et à la prise de contrôle de quantités massives de terres palestiniennes, y compris les expulsions et les démolitions de maisons palestiniennes. En d’autres termes, les colonies sont construites et étendues aux dépens des communautés palestiniennes, qui sont forcées de s’installer sur des parcelles de terre de plus en plus petites.
Cette réalité nous rappelle une histoire que l’ancien ambassadeur Avi Primor a décrite dans son autobiographie à propos d’un voyage qu’il a fait avec Ariel Sharon, alors ministre de la Défense, en Afrique du Sud au début des années 1980. Au cours de cette visite, Sharon a exprimé un grand intérêt pour le projet de bantoustans en Afrique du Sud. Un simple coup d’œil à la carte de la Cisjordanie ne laisse guère de doute sur l’endroit où Sharon a puisé son inspiration. La Cisjordanie se compose aujourd’hui de 165 “enclaves”, c’est-à-dire de communautés palestiniennes encerclées par des territoires repris par l’entreprise de colonisation. En 2005, avec le retrait des colonies de Gaza et le début du siège, Gaza est devenue tout simplement une autre enclave – un bloc de territoire sans autonomie, entouré en grande partie par Israël et donc contrôlé de fait par Israël également.
Les bantoustans d’Afrique du Sud sous le régime de l’apartheid et la carte des territoires palestiniens occupés aujourd’hui reposent sur la même idée de concentrer la population “indésirable” dans une zone aussi petite que possible, dans une série d’enclaves non contiguës. En chassant progressivement ces populations de leurs terres et en les concentrant dans des poches denses et fractionnées, l’Afrique du Sud d’alors et Israël d’aujourd’hui s’efforcent de contrecarrer l’autonomie politique et la véritable démocratie.
Cette semaine, nous marquons le cinquante-cinquième anniversaire du début de l’occupation de la Cisjordanie. Il est plus clair que jamais que l’occupation n’est pas temporaire et que le gouvernement israélien n’a pas la volonté politique d’y mettre fin. Human Rights Watch a récemment conclu qu’Israël a franchi un seuil et que ses actions dans les territoires occupés répondent désormais à la définition légale du crime d’apartheid en vertu du droit international. Israël est la seule puissance souveraine qui opère sur ce territoire, et il exerce une discrimination systématique sur la base de la nationalité et de l’ethnicité. Une telle réalité est, comme nous l’avons vu nous-mêmes, de l’apartheid. Il est temps que le monde reconnaisse que ce que nous avons vu en Afrique du Sud il y a des décennies se produit également dans les territoires palestiniens occupés. Et tout comme le monde s’est joint à la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, il est temps pour le monde de prendre des mesures diplomatiques décisives dans notre cas également et de travailler à la construction d’un avenir d’égalité, de dignité et de sécurité pour les Palestiniens comme pour les Israéliens.
Ilan Baruch a été ambassadeur d’Israël en Afrique du Sud, en Namibie, au Botswana et au Zimbabwe.
Le Dr Alon Liel a été ambassadeur d’Israël en Afrique du Sud et directeur général du ministère israélien des affaires étrangères.
Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles de GroundUp.