Farkha, l'un des villages où nous devions aller en octobre et novembre 2023 pour aider les paysans à cueillir leurs olives...


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Après le 7 octobre, nos projets de cueillettes solidaires des olives se sont effondrés. Plus d’avions vers Tel Aviv : impossibilité pour les volontaires d’accéder aux territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967. Deux membres du groupe étaient partis plus tôt et ont décidé de rester pour pouvoir témoigner sur la situation.

“Nous avons tenté d’accéder au village de Farkha et nous avons pu nous en approcher à quelques kilomètres seulement, malgré les difficultés de circulation et le danger que représentait le passage par des tronçons de routes desservant des blocs de colonies. Puis tout passage a finalement été impossible : routes bloquées par l’armée, miradors à chaque croisement, tireurs d’élite… Le verrouillage total de la Cisjordanie par l’armée d’occupation nous a empêché de retrouver nos amis de Farkha. Nous n’avons pu nous parler qu’au téléphone… Mais nous reviendrons, plus forts, plus nombreux et nous témoignerons jusqu’à l’écroulement du système colonial d’apartheid israélien !

La Palestine existe, elle vit et elle résiste de toutes les manières possibles y compris en continuant a promouvoir des projets basés sur l’entraide, la solidarité, un combat émancipateur !

Ce documentaire est également visible directement sur le site d’Arte :

https://www.arte.tv/fr/videos/115493-002-A/arte-regards

18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée - Farkha, 23 Octobre

Cueillette a Jayyous, district de Qalqilya, ville complètement enclavée suite au grignotage israélien des terres les plus fertiles et irriguées malgré les  manifestations quotidiennes qui ont eu lieu contre la construction du mur et pour repousser son implantation.

Nous récoltons dans un champ à 200 mètres du mur, appartenant à une femme très active pour son village. Par solidarité, le PARC (Palestinian Agricultural Relief Committees) a organisé une journée collective avec une douzaine de jeunes des villages voisins, des internationaux et des locaux (dont Raki le caméléon). En tout, une quarantaine de personnes. Du coup, télévision, banderoles, musique, chants patriotiques sont de la partie.

Les villageois nous disent qu’ils reçoivent aussi quelquefois des volontaires Israéliens, la cueillette est active, bien organisée et ils en profitent également  pour faire la taille  annuelle à la tronçonneuse.

Des pizzas palestiniennes viennent récompenser les efforts et nous réunissent à l’ombre d’un olivier.

Le maire du village souhaite après la cueillette nous montrer le mur (ici matérialisé par un grillage et des barbelés) et notamment une barrière qui devrait leur permettre d’accéder à leurs champs mais qui est fermée depuis six mois. Arrivés sur place, nous avons la surprise de rencontrer deux femmes Israéliennes appartenant au Machsom Watch, une organisation qui veille à faire respecter les droits dans les territoires occupés.

Il y a des traces anciennes d’incendie au niveau de la deuxième barrière et la première semble actuellement soudée. Le temps que le maire explique la situation aux deux observatrices, un pick-up de l’armée Israélienne s’arrête de l’autre côté et quatre militaires en sortent.

Un peu de temps encore et deux d’entre eux ouvrent la barrière noircie de fumée et se rapprochent pour parler avec le maire qui les interpelle. Discussion brève et relativement calme mais qui s’achève sur le constat que la porte va bien rester fermée.

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Direction Jifna pour la fin de l’après-midi où deux des volontaires du groupe sont intervenus avec l’AFPS il y a 23 ans sur la restauration de la citadelle. Découverte d’un village où chrétiens (700 habitants) et musulmans (1500 habitants) cohabitent en bonne entente, depuis l’arrivée des réfugiés en 1948.

A chaque déplacement depuis Farkha, nous sommes frappés par la forte densité et l’extension des colonies et  des camps militaires dans les territoires palestiniens. Que nous soyons au cœur de la Cisjordanie (comme hier à Jenine) ou sur les zones frontières (comme aujourd’hui près de Qalqilya), nous observons des miradors, des barbelés Dannert, des postes de contrôle aux routes vers les colonies et des soldats armés.

18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée - Farkha, 22 Octobre

Nous cueillons ce matin dans le district de Jenine, près du village de Arabah (Nord de la Cisjordanie). Nous sommes au pied de la colonie de Mevo Dotan, de l’autre côté de la route, en contrebas du grillage encerclant la colonie.

Notre groupe de volontaires est séparé en deux, sur les parcelles de deux fermiers. Nous cueillons avec les familles, via le PARC. Un soldat Israélien vient observer la cueillette, appelle ses supérieurs et repart. Chaque fermier déplore la perte d’accès à une partie du champ rendu inaccessible par le grillage de la route, plus de 100 pieds d’oliviers pour chacun, qui préfigure la dépossession des terres et l’extension de la colonie.

 

 

Visite du camp de Jenine l’après midi : il a été créé en 1953 pour les réfugiés de 1948 de Haïfa et de 57 villages. A l’origine, il y avait 3000 réfugiés, aujourd’hui il y a 17 000 personnes sur 1 km2 dont 60{49c69444adfa0b057aa5591c65ae37ccec5e603da12fa952fa85b5f3d8016590} d’enfants. Il est difficile pour les enfants dans ce contexte d’avoir un terrain de jeu.

Il y a 75{49c69444adfa0b057aa5591c65ae37ccec5e603da12fa952fa85b5f3d8016590} de chômage dans le camp. Chaque habitant a un statut de réfugié sous l’égide de l’ONU – UNRWA lui permettant de bénéficier de nourriture, des soins et de la scolarité. Depuis les années 2010, les différentes aides se sont énormément dégradées. Le camp est géré par un comité populaire élu et l’UNRWA. Il n’y a qu’un seul centre sanitaire pour tout le camp. L’eau présente des pénuries l’été et une pression insuffisante limitant le débit. Bien que le camp soit situé en zone A, il y a interdiction par Israël de creuser des puits.

 

En 2002, les israéliens ont détruit plus de 300 maisons, soit la moitié du camp, enterrant parfois des personnes vivantes. 50 a 60 palestiniens ont été tuées durant la résistance palestinienne du 3 au 19 avril 2002.

L’armée israélienne continue régulièrement à venir la nuit à l’intérieur du camp et à procéder à des arrestations avec mise en détention administrative d’une durée indéterminée sans jugement. Y compris des enfants ayant utilisé les réseaux sociaux pour exprimer leur résistance.

 

Visite du freedom Theater créé par une israélienne Arna Mer Khamis à la fin des années 80 dont le fils Juliano a repris la direction jusqu’en 2011, date à laquelle il a été assassine (Voir le film Arna’s children). Ce théâtre a été créé au service des enfants et des jeunes du camp qui pouvaient sortir diplômés de l’école de théâtre, dans un contexte ou l’absence d’espoir en menait certains à se sacrifier pour leur pays comme martyrs.

Pour d’autres, il a permis d’évacuer les difficultés et les souffrances vécues dans le camp, comme une sorte d’échappatoire par rapport à la violence quotidienne.

18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée - Farkha, 21 Octobre

Une rencontre à l’école secondaire mixte de Farkha était programmée pour notre groupe. Nous avons été accueillis par les élèves et les professeurs au cours de leur cérémonie quotidienne d’ouverture de l’école. Hymne palestinien, chansons, poèmes récités par les enfants, écrits pour certains par eux-mêmes. Depuis son ouverture, il y a 50 ans, cette école est mixte. Les enseignants et le personnel de l’école pensent que l’éducation, la culture et l’agriculture sont des piliers de la résistance face à l’occupation. D’ailleurs, l’école est obligatoire et gratuite pour tous les enfants jusqu’à 16 ans.

En deuxième partie de matinée, nous sommes allés travailler à l’éco-jardin de Farkha. Il s’agit d’un jardin en permaculture biologique expérimental. Installé sur le versant sud d’une vallée en contrebas du village, les plantations sont soigneusement disposées en terrasses afin d’économiser l’eau. Le système d’irrigation ingénieux, la méthanisation, la récupération d’eau de pluie, l’amendement des sols par fumure et déchets organiques, sont autant de techniques qui permettent de tendre vers une autonomie complète. Les fermiers sont sensibilisés à l’écologie et notamment à la gestion des déchets plastiques. Les enfants de l’école participent d’ailleurs largement à ce projet en nettoyant les rues du village.

Nous avons eu la chance de rencontrer Abbas Milhem, directeur du PFU, « Palestinians Farmers Union » qui défend les droits des fermiers de Cisjordanie et de Gaza. Les agriculteurs sont à la fois les garants de la souveraineté alimentaire et les premiers défenseurs de la terre face à l’occupation. La grosse majorité des terres agricoles se trouvent en zone C, intégralement sous domination militaire israélienne. Pourtant, chaque parcelle est cultivée et 110 000 familles vivent de la cueillette des olives. Abbas insiste sur la nécessité et l’importance des actions internationales (BDS, cueilleurs volontaires, etc.) pour soutenir le peuple palestinien.

Nous finissons la journée par une visite de Naplouse, de son centre historique et une dégustation bienvenue du Kouign-amann local, le Knafeh, spécialité de la ville.

18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée - Farkha, 20 Octobre

Première cueillette au pied des colonies à Deir Istyia. Nous sommes en zone C, c’est-à-dire sous contrôle israélien, les palestiniens n’y étant pas libres de leur mouvement.

La colonie de Yaqir, vue satellite… On perçoit très bien la logique de l’expansion coloniale israélienne :sous la colonie proprement dite, le camp militaire dont la vocation est d’assurer la sécurité des colons. Plus loin, sur la gauche, un “avant-poste”, une extension de la colonie. Cet avant-poste, ainsi que le chemin qui le relie à la colonie-mère ont automatiquement généré une zone d’exclusion des Palestiniens, pour des raisons de sécurité. Les terres, qui appartiennent à des propriétaires palestiniens, leur sont donc interdites d’accès et seront a temre illégalement annexées à la colonie… qui pourra s’y étendre !

Notre groupe de volontaires est séparé en deux, l’un va cueillir à moins d’un kilomètre, au pied de la colonie de Yakir et d’un camp militaire ; l’autre, de l’autre côté de la route par rapport à la colonie.

Le camp militaire
La colonie de Yaqir

Les fermiers nous accueillent avec beaucoup de chaleur et sont vraiment heureux de partager leur quotidien avec nous. Ils nous parlent des agressions qu’ils ont pu subir dans leur champ par le passé, avec pudeur. Par exemple, l’année dernière, un colon est venu armé d’un pistolet pour intimer le paysan à quitter son champ.

Plus de 200 oliviers ont été coupés par les colons jusqu’à 2013.  Sur l’autre parcelle, plus proche du camp militaire, ce sont les tirs fréquents des entraînements de l’armée d’occupation israélienne qui intimident les paysans. D’ailleurs, à peine arrivés à Deir Istiya pour reprendre un taxi et rentrer à Farkha, nous avons entendu des tirs de l’armée dans la montagne alors que nous venions de laisser le vieux paysan tout seul…

Retour l’après-midi à Farkha où nous visitons la vieille ville et accueillons un nouveau volontaire qui vient de Suède..

À propos de Yaqir, un article particulièrement intéressant (mais en anglais), sur le site de l’ONG de défense des droits humains B’tselem :

Retroactive “laundering” of Itamar, Shvut Rachel, Sansana and Yaqir part of government policy to annex Palestinian land to State of Israel