Jour 143 de l'opération "inondation d'Al-Aqsa" : la famine à Gaza est "provoquée par l'homme", selon le chef de l'UNRWA

L’UNRWA affirme que la famine dans le nord de la bande de Gaza peut être évitée si davantage de convois de nourriture sont autorisés à entrer, mais Israël continue de bloquer plus de 2000 camions d’aide. Pendant ce temps, Netanyahu réaffirme son intention d’envahir Rafah, où 1,5 million de Gazaouis ont trouvé refuge.

https://mondoweiss.net/2024/02/operation-al-aqsa-flood-day-143-gaza-famine-is-man-made-says-unrwa-chief/

Par Leila Warah 26 février 2024

Des Palestiniens font la queue pour obtenir de l’aide alimentaire, Deir al-Balah, 2 février 2024. (Photo : Omar Ashtawy/APA Images)

Victimes

  • 29 782+ tués* et au moins 70 043 blessés dans la bande de Gaza.
  • Plus de 380 Palestiniens tués en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.
  • Israël revoit son estimation du nombre de morts du 7 octobre de 1 400 à 1 147.
  • 579 soldats israéliens tués depuis le 7 octobre et au moins 3 221 blessés**.

*Ce chiffre a été confirmé par le ministère de la santé de Gaza sur la chaîne Telegram le 24 février. Certains groupes de défense des droits de l’homme estiment le nombre de morts à plus de 38 000 si l’on tient compte des personnes présumées mortes.

** Ce chiffre est publié par l’armée israélienne, indiquant les soldats dont les noms “ont été autorisés à être publiés”.

Principaux développements

  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu souligne que l’assaut sur la ville bondée de Rafah aura lieu, mais qu’il pourrait être retardé par un accord d’échange de captifs.
  • UNRWA : La famine dans le nord de Gaza peut être évitée si davantage de convois alimentaires sont autorisés à entrer.
  • Des juifs orthodoxes s’emparent d’un sanctuaire musulman et vandalisent des tombes à Jérusalem-Ouest.
  • PAM : suffisamment de nourriture attend aux frontières de Gaza pour nourrir l’ensemble de la population.
  • Des photos aériennes montrent plus de 2 000 camions d’aide du côté égyptien du point de passage de Rafah.
  • Fat’hi Ghabin, artiste gazaoui de renom, meurt après s’être vu refuser un traitement à l’étranger.
  • Ministère de la santé de Gaza : Les patients en dialyse et en soins intensifs risquent la mort dans le nord de la bande de Gaza, les hôpitaux étant à court de carburant.
  • Une Israélienne de 18 ans est emprisonnée pour avoir refusé de servir dans l’armée en raison de la guerre contre Gaza.
  • UNRWA: Le rapport sur un bébé de deux mois mort de faim à Gaza est “horrible”.
  • Le ministre israélien de la défense promet de continuer à cibler le Hezbollah quelle que soit la situation à Gaza.
  • Les forces israéliennes se sont partiellement retirées de l’hôpital Nasser dimanche, rapporte Al Jazeera.
  • L’armée israélienne érige une tour de guet avec des caméras de surveillance à la mosquée Al-Aqsa.
  • Les forces israéliennes tuent au moins 10 personnes qui attendent de l’aide dans la ville de Gaza, rapporte Wafa.
  • Un aviateur américain s’immole par le feu pour protester contre le génocide israélien à Gaza.
  • Israël fait avancer la construction de 3 344 nouveaux logements illégaux en Cisjordanie occupée.
  • Bureau des médias de Gaza : Les forces israéliennes ont pris en otage des civils palestiniens et les ont utilisés comme boucliers humains lors de plusieurs opérations militaires.

Un enfant sur six souffre de malnutrition dans le nord de la bande de Gaza

Alors que l’agression violente d’Israël contre Gaza approche du cinquième mois, la situation dans l’enclave assiégée se détériore de jour en jour, la population subissant une famine imposée par Israël en raison du blocus.

À la suite d’informations faisant état d’un bébé de deux mois mort de faim vendredi, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a déclaré que le risque élevé de malnutrition continuait d’augmenter, un enfant sur six dans le nord de la bande de Gaza étant “gravement malnutri”.

“Nous continuons d’appeler à un accès humanitaire régulier”, a déclaré l’UNRWA dans un message sur X.

Mads Gilbert, médecin norvégien et défenseur des droits de l’homme, affirme que les décès d’enfants dus à la famine sont la conséquence directe des restrictions israéliennes sur l’aide entrant dans l’enclave côtière.

“Il ne s’agit pas d’une tragédie, mais d’une situation provoquée par l’homme. La famine est imposée à la population de Gaza par les forces d’occupation israéliennes”, a déclaré à Al Jazeera M. Gilbert, qui a plus de 30 ans d’expérience dans les hôpitaux de Gaza.

“Il y a deux jours à peine, le groupe international sur la nutrition a publié un rapport très alarmant […] indiquant une forte augmentation des facteurs de malnutrition à Gaza : insécurité alimentaire, manque de diversité dans le régime alimentaire et diminution des possibilités d’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants.

M. Gilbert a déclaré que les restrictions imposées par Israël en matière de nourriture et d’eau dans l’enclave constituaient un “énorme crime de guerre”.

“Comment le monde peut-il rester les bras croisés et regarder des enfants mourir de faim ?

La situation est la pire dans le nord de Gaza, où le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, affirme qu’Israël n’a pas autorisé la livraison de nourriture depuis le 25 janvier et que les appels de l’ONU à envoyer de l’aide alimentaire ont été rejetés et sont tombés dans l’oreille d’un sourd.

Depuis lors, l’UNRWA et d’autres agences de l’ONU “ont mis en garde contre une famine imminente, lancé des appels pour un accès régulier de l’aide humanitaire et déclaré que la famine pouvait être évitée si davantage de convois alimentaires étaient autorisés à entrer régulièrement dans le nord de Gaza”, a déclaré M. Lazzarini.

“Il s’agit d’une catastrophe provoquée par l’homme. Le monde s’est engagé à ne plus jamais laisser la famine se reproduire. La famine peut encore être évitée, grâce à une véritable volonté politique d’accorder l’accès et la protection à une aide significative. Les jours à venir mettront une fois de plus à l’épreuve notre humanité et nos valeurs communes”, a-t-il déclaré.

De même, Samer Abdeljaber, directeur des urgences du Programme alimentaire mondial (PAM), affirme qu’il y a suffisamment de nourriture stockée aux frontières de Gaza pour nourrir l’ensemble de la population. Toutefois, ces denrées ne peuvent pas être acheminées en toute sécurité vers la population déchirée par la guerre en raison de la violence actuelle et des contrôles de sécurité israéliens intensifs.

Des photos d’ Ariel publiées par Al Jazeera Arabic montrent plus de 2 000 camions d’aide empilés du côté égyptien du point de passage de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

“Nous avons suffisamment de nourriture aux frontières, même en provenance de Jordanie et d’Égypte, pour pouvoir subvenir aux besoins de 2,2 millions de personnes”, a déclaré M. Abdeljaber, cité par Al Jazeera.

“Mais nous devons nous assurer que nous avons le bon accès à Gaza à partir de différents points de passage afin que nous puissions réellement atteindre les gens – qu’ils soient au nord, au sud ou dans les zones centrales.

“La sécurité des itinéraires est l’une de nos conditions pour poursuivre l’aide au nord et cela ne peut être garanti que si le processus est rapide”, a déclaré M. Abdelkader. “Les retards aux points de contrôle nous empêchent de pénétrer plus profondément dans le nord.

Nada Tarbush, diplomate à la mission palestinienne auprès de l’ONU, a exhorté les gouvernements du monde à intervenir et à assurer “la livraison urgente de nourriture, d’eau potable et de médicaments par largage aérien à Gaza”.

“Bloquer l’acheminement de l’aide humanitaire est un crime de guerre. Utiliser la famine comme moyen de guerre est un crime de guerre. La punition collective est un crime de guerre”, a-t-elle déclaré dans un message sur X.

Lundi après-midi, Israël a autorisé l’entrée de 10 camions d’aide humanitaire dans la partie nord de la bande de Gaza, suite à des informations faisant état de famine, selon les correspondants d’Al Jazeera. Toutefois, il est probable que cette aide ne soit qu’un filet d’eau par rapport aux besoins de la population désespérée.

“L’eau potable est rare. Les déchets solides s’accumulent. La propagation des maladies est en hausse”, a déclaré l’UNRWA.

“La situation est catastrophique, mais les équipes de l’UNRWA continuent de travailler pour fournir une aide essentielle.

Les forces israéliennes tuent des Palestiniens qui attendent de l’aide… une fois de plus

Pendant ce temps, lorsque l’aide humanitaire est autorisée à entrer dans l’enclave assiégée, la sécurité des civils qui la reçoivent n’est ni protégée ni assurée. Plusieurs rapports continuent de faire état de forces israéliennes prenant pour cible des Palestiniens qui attendent de l’aide humanitaire.

Plus récemment, dimanche soir, les forces israéliennes ont tué au moins dix personnes qui attendaient de l’aide dans la ville de Gaza en bombardant et en tirant sur les foules de Palestiniens qui attendaient l’arrivée des camions d’aide alimentaire, a rapporté Wafa.

Au moins 15 personnes ont été blessées dans l’attaque et ont été transférées à l’hôpital al-Shifa, situé à proximité.

Selon Al Jazeera, deux pêcheurs ont également été abattus sur le rivage de Khan Younis.

Israël : L’invasion de Rafah aura lieu quoi qu’il arrive

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a continué à planifier l’assaut israélien sur Rafah. Environ 1,5 million de Palestiniens cherchent refuge dans la ville la plus méridionale après avoir été déplacés de force, souvent à plusieurs reprises, d’autres zones de Gaza.

M. Netanyahu a déclaré que si Israël et le Hamas parvenaient à un accord, il retarderait l’opération militaire à Rafah, mais il a souligné à CBS News qu’Israël devrait envahir la ville à un moment donné.

“Si nous parvenons à un accord, l’opération sera quelque peu retardée, mais elle aura lieu. Si nous n’avons pas d’accord, nous le ferons de toute façon”, a déclaré M. Netanyahu.

Sami Abu Zuhri, haut responsable du Hamas, a déclaré que les remarques de M. Netanyahu avaient jeté le doute sur la volonté d’Israël de parvenir à un accord.

“Les commentaires de M. Netanyahou montrent qu’il ne se soucie pas de parvenir à un accord”, a déclaré M. Abu Zuhri à Reuters, accusant le dirigeant israélien de vouloir “poursuivre les négociations sous les bombardements et l’effusion de sang [des Palestiniens]”.

Au fur et à mesure que les plans d’Israël progressent, l’inquiétude mondiale s’accroît quant au coût humain de l’opération.

Les États-Unis ont demandé à Israël de présenter un plan “crédible” de protection des civils entassés dans la ville avant de lancer l’assaut. Dans le même temps, les alliés européens d’Israël ont mis en garde contre l’offensive dans son ensemble.

“Si l’armée israélienne devait lancer une offensive sur Rafah dans ces conditions, ce serait une catastrophe humanitaire”, a déclaré la ministre allemande des affaires étrangères , Annalena Baerbock.

“Nous pensons qu’il est impossible de voir comment on peut mener une guerre parmi ces gens. Ils n’ont nulle part où aller”, a déclaré le ministre britannique des affaires étrangères , David Cameron.

L’UNICEF a également prévenu qu’une attaque sur Rafah serait catastrophique, avec plus de 600 000 enfants abrités sur le chemin de l’assaut et une ligne de vie humanitaire sévèrement limitée et déjà sur le point de s’effondrer.

“Des milliers d’autres personnes pourraient mourir dans les violences ou en raison du manque de services essentiels, et l’aide humanitaire pourrait être encore plus perturbée. Nous avons besoin que les derniers hôpitaux, abris, marchés et systèmes d’approvisionnement en eau de Gaza restent fonctionnels. Sans eux, la faim et les maladies vont monter en flèche et coûter la vie à d’autres enfants”, a déclaré la directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell, dans un communiqué.

Entre-temps, le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a promis de continuer à cibler le Hezbollah, quelle que soit la situation à Gaza.

“Si quelqu’un pense que l’accord sur la libération des otages et la pause à Gaza vont atténuer ce qui se passe ici, il se trompe”, a déclaré M. Gallant, selon Haaretz.

Il a ajouté qu’Israël pousserait le Hezbollah à se retirer de sa frontière nord “soit par un accord, soit par la force”.

Le Hezbollah et Israël échangent des tirs depuis octobre, et le groupe libanais affirme qu’il ne cessera pas ses attaques tant que la guerre contre Gaza n’aura pas pris fin.

Le bureau de M. Netanyahu a publié une brève déclaration lundi matin, indiquant qu’il avait présenté au cabinet de guerre un “plan d’évacuation de la population des zones de combat dans la bande de Gaza”.

La nature de ce plan n’est pas claire. Toutefois, on craint qu’Israël n’envisage d’expulser de force la population de Gaza vers l’Égypte.

Les hôpitaux de Gaza sont toujours attaqués

Les hôpitaux de la bande de Gaza continuent de subir les attaques d’Israël, ce qui rend extrêmement difficile l’accès des civils palestiniens à des soins médicaux adéquats.

Dans le nord de la bande de Gaza, le ministère palestinien de la santé a déclaré que la situation était “indescriptible”, les hôpitaux étant à court de carburant. Les réfrigérateurs médicaux n’ont plus d’électricité, ce qui risque de détruire de grandes quantités de médicaments sensibles.

Le manque de carburant a également eu des conséquences dévastatrices sur les missions de sauvetage dans la région déchirée par la guerre, puisque des dizaines d’ambulances et de services médicaux ont été mis hors service.

En raison de cette pénurie, des patients en dialyse et en soins intensifs risquent de mourir en raison du manque de fournitures de base.

À Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, une délégation de l’ONU a observé des “conditions catastrophiques” lors d’une visite à l’hôpital al-Amal, assiégé dans la ville.

“La délégation a constaté l’étendue des dégâts causés par les tirs d’artillerie de l’occupation israélienne sur plusieurs étages de l’hôpital, ainsi que les conditions catastrophiques à l’intérieur en raison des graves pénuries de nourriture, d’eau potable, de fournitures médicales et de médicaments”, a déclaré le représentant palestinien de la Croix-Rouge.

Pendant ce temps, à l’hôpital Nasser de Khan Younis, “des tireurs d’élite se trouvent toujours à proximité de l’hôpital et, tragiquement, tirent toujours sur tout ce qui bouge près de l’hôpital”, a rapporté le correspondant d’Al Jazeera , Hani Mahmoud, depuis la bande de Gaza. “Malgré la déclaration de l’armée israélienne selon laquelle les opérations à l’intérieur de l’hôpital Nasser sont terminées.

Cisjordanie occupée : Construction de colonies illégales

Alors que le monde a les yeux rivés sur Gaza, Israël profite de l’occasion pour faire avancer la construction de 3 344 nouveaux logements en Cisjordanie occupée, dont 2 350 dans la colonie de Maale Adumim, 694 à Efrat et 300 à Kedar, selon La Paix Maintenant.

“Il s’agit de projets importants et de grande envergure qui auront un impact considérable sur la possibilité de parvenir à une solution fondée sur la coexistence de deux États, en particulier les projets d’Efrat et de Kedar”, a déclaré l’organisation israélienne à but non lucratif dans un communiqué.

“La décision de promouvoir des milliers de logements inutiles et nuisibles dans les colonies est une décision hâtive et irresponsable prise par un gouvernement extrémiste qui a perdu depuis longtemps la confiance de la population”, a ajouté l’organisation.

Démission du premier ministre palestinien Muhammad Shtayyeh

Le Premier ministre palestinien Muhammad Shtayyeh a remis sa démission au président Mahmoud Abbas à l’ouverture de la réunion du gouvernement lundi à Ramallah, rapporte Reuters.

M. Shtayyeh a déclaré qu’il avait été poussé à démissionner en raison de “l’escalade sans précédent” en Cisjordanie occupée et à Jérusalem, ainsi que de “la guerre, le génocide et la famine dans la bande de Gaza”, comme l’a indiqué Al Jazeera.

M. Shtayyeh a noté que des “efforts sont déployés pour faire de l’Autorité palestinienne une autorité administrative et sécuritaire sans influence politique, et l’Autorité palestinienne continuera à lutter pour incarner l’État sur la terre de Palestine en dépit de l’occupation”.

“Je vois que la prochaine étape et ses défis nécessitent de nouvelles dispositions gouvernementales et politiques qui tiennent compte de la nouvelle réalité à Gaza et de la nécessité d’un consensus palestinien basé sur l’unité palestinienne”, a-t-il ajouté.

Auto-immolation d’un militaire américain

Un militaire américain s’est immolé par le feu en signe de protestation contre la guerre à Gaza devant l’ambassade d’Israël à Washington.

Selon Reuters, un porte-parole de l’armée de l’air a confirmé que l’incident, qui s’est produit dimanche après-midi et a été diffusé en direct sur Twitch, concernait un aviateur en service actif.

“Je ne serai plus complice d’un génocide”, a déclaré l’homme, en treillis militaire, dans la vidéo en direct, alors qu’il s’approchait de l’ambassade.

Il s’est ensuite aspergé d’un liquide transparent et s’est immolé par le feu, en criant à plusieurs reprises “Free Palestine” (Palestine libre) dans la séquence virale.

Selon NBC News, l’homme, identifié par les médias sociaux comme étant Aaron Bushnell, a succombé à ses blessures.

De même, en décembre 2023, CNN a rapporté qu’une personne s’était immolée par le feu devant le consulat d’Israël à Atlanta.

Traduction AFPS-Rennes

Un mois après l’ordonnance de la CIJ, Israël poursuit son génocide de 142 jours contre Gaza

https://pchrgaza.org/en/one-monthafter-the-icj-order-israel-continues-its-142-day-long-genocide-on-gaza/

Date : 26 février 2024

Le 26 janvier 2024, la Cour internationale de justice (CIJ) a déterminé la plausibilité d’un génocide perpétré par Israël contre des Palestiniens à Gaza et a ordonné à Israël de :

  • empêcher la perpétration d’actes génocidaires
  • prévenir et punir l’incitation publique au génocide
  • veiller à ce que l’aide et les services parviennent aux Palestiniens
  • soumettre un rapport à la CIJ dans un délai d’un mois à compter de l’ordonnance sur les mesures prises pour donner effet à ce qui précède.

Dans le mois qui a suivi la décision de la CIJ, Israël a poursuivi sa campagne militaire génocidaire contre Gaza avec des bombardements intenses et des attaques aériennes, terrestres et maritimes, entraînant la mort de 3 524 Palestiniens et en blessant 5 266 autres,1 et des déplacements et des destructions massifs en cours. Les responsables israéliens ont en outre continué de montrer leur intention de commettre un génocide, notamment en prévoyant de mener une invasion terrestre à Rafah, où 1,5 million de Palestiniens sont déplacés. L’acheminement de l’aide a diminué depuis la décision de la Cour, alors qu’Israël a intensifié sa campagne de délégitimation contre l’UNRWA. Pendant ce temps, Israël continue d’attaquer délibérément les hôpitaux, poussant le secteur de la santé hors service, tout en utilisant la famine comme arme de guerre.

Cette note décrit les principales violations des mesures provisoires de la CIJ au cours du mois dernier.

Actes génocidaires en cours – Meurtres

Depuis la décision de la CIJ il y a un mois, Israël a tué environ 3 524 Palestiniens et en a blessé 5 266 autres2, ce qui porte le nombre total de meurtres depuis le 7 octobre 2023 à environ 29 692, dont au moins 12 500 enfants, et les blessés à 69 879.

Vous trouverez ci-dessous quelques-uns des meurtres les plus horribles du mois dernier, basés sur des rapports préliminaires :

  • Le 17 février, des avions de combat et des navires de guerre israéliens ont effectué des dizaines de frappes aériennes, ciblant au moins 15 maisons, deux mosquées et des terres agricoles à Rafah. L’attaque a eu pour conséquence
  • 83 Palestiniens, dont 27 enfants, dont des Palestiniens déplacés qui dormaient dans leurs tentes, et 125 autres ont été blessés.3
  • Un enregistrement audio du Croissant-Rouge palestinien (Croissant-Rouge palestinien) documente les moments où un char israélien a massacré une famille dans leur voiture. Un appel de détresse de deux heures de Hind, âgée de six ans, au Croissant-Rouge palestinien l’a filmée terrifiée avec les corps de son oncle, de sa tante et de quatre cousins à côté d’elle. Hind a disparu pendant 12 jours et son corps a été retrouvé aux côtés de deux membres du Croissant-Rouge palestinien dans leur ambulance « en mission approuvée » pour la sauver.
  • Le 13 février, un détenu palestinien menotté, Jamal Al-Deen Mohammed Abu Al-Ola, vêtu d’un équipement de protection individuelle blanc, a été envoyé par les forces israéliennes à l’hôpital Nasser assiégé de Khan Younis pour remettre un message aux personnes présentes à l’hôpital pour qu’elles évacuent. Alors qu’il marchait à l’extérieur de l’hôpital, toujours à l’intérieur des portes, il a été tué par un soldat israélien devant sa mère.4 Le ministère palestinien de la Santé a rapporté que des tireurs d’élite israéliens avaient tué trois autres Palestiniens à l’hôpital le même jour.
  • Deux défenseurs des droits humains ont été tués avec leurs familles par des frappes aériennes israéliennes. Le 20 février, une frappe aérienne israélienne a tué Nour Abu Al-Nour, avocate au Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR), ainsi que sept membres de sa famille, dont sa fille de deux ans, dans la maison familiale à Rafah. Le 22 février, Dana Yaghi, également avocate à l’Unité des droits des femmes du PCHR, a été tuée avec au moins 40 autres personnes, dont la majorité sont membres de sa famille, dans la maison de sa famille à Deir Al-Balah. Les deux maisons ont été visées au-dessus de la tête des habitants sans aucun avertissement préalable.
  • Israël a continué de cibler systématiquement les journalistes pour étouffer la vérité et réduire au silence ses témoins. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a rapporté qu’au cours des 10 premières semaines de son génocide à Gaza, Israël a tué plus de journalistes que n’importe quelle autre armée ou entité en une seule année. Depuis la décision de la Cour, les forces israéliennes ont tué douze journalistes, dont quatre le même jour, portant à 132 le nombre de journalistes palestiniens tués depuis le 7 octobre. Selon la Fédération internationale des journalistes, près d’un journaliste sur dix basé à Gaza a été tué par les forces israéliennes.
  • Une fosse commune a été découverte dans le nord de la bande de Gaza, où au moins 30 corps palestiniens ont été retrouvés morts, menottés et les yeux bandés. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a demandé l’ouverture d’une enquête sur les accusations selon lesquelles les forces israéliennes auraient exécuté des prisonniers « sous les formes les plus horribles ».
  • Les corps d’une centaine de Palestiniens ont été retrouvés après le retrait des forces israéliennes des quartiers de Tal al-Hawa et Remal dans la ville de Gaza.

Actes de génocide en cours – Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale

  • Le 19 février, des experts des Nations unies ont dénoncé des cas de violence, de coups violents, de torture et de traitements dégradants, y compris des violences sexuelles, ainsi que des cas de viols et de menaces de viols commis par les forces israéliennes à l’encontre de femmes et de filles palestiniennes à Gaza.
  • Les soldats israéliens ont continué de se filmer en train de torturer et de soumettre des détenus palestiniens à des traitements dégradants et inhumains. Une vidéo montre un soldat israélien forçant des détenus aux yeux bandés à s’engager comme esclaves. Le soldat israélien Yosi Gamzoo a publié une vidéo, qu’il a ensuite supprimée, le montrant en train d’interroger un détenu palestinien, menotté et déshabillé jusqu’à ses sous-vêtements, et assis sur une chaise, avec des signes de torture sur le corps et une blessure à la cuisse. Le même soldat a posté une autre vidéo, montrant des centaines de détenus palestiniens dans le stade Yarmouk de Gaza. La plupart d’entre eux étaient déshabillés jusqu’à leurs sous-vêtements, certains avaient les yeux bandés et étaient agenouillés en rangées, sous la surveillance de soldats israéliens. Trois femmes aux yeux bandés sont également montrées dans la vidéo, agenouillées derrière un but de football.
  • Au cours du mois dernier, les Palestiniens de Gaza libérés de la détention israélienne ont partagé des récits poignants de torture, de coups, de famine, d’humiliation et d’abus de la part des soldats israéliens. Le PCHR a été en mesure d’obtenir des dizaines de témoignages choquants de détenus libérés de Gaza, donnant un aperçu de la torture et des traitements inhumains auxquels ils ont été soumis par les forces israéliennes. Parmi les cas documentés figuraient un journaliste, un défenseur des droits humains, un ambulancier, un travailleur et une femme. Il convient de noter qu’à la date de publication de ce mémoire, le sort, les conditions de détention, le lieu et le bien-être de centaines de détenus palestiniens restent inconnus, Israël continuant de divulguer des informations ou d’autoriser des avocats ou des familles à leur rendre visite.

Actes génocidaires en cours – Transfert forcé et imposition de conditions de vie visant à la destruction physique :

  • Au cours du mois dernier, Israël a intensifié ses attaques contre le secteur de la santé à Gaza, notamment contre les hôpitaux et les équipes médicales. Entre le 7 octobre et le 12 février, 378 attaques ont été lancées contre les soins de santé dans la bande de Gaza, touchant 98 établissements de santé et 98 ambulances. Depuis le 22 février, il n’y a plus d’hôpitaux entièrement fonctionnels à Gaza, et 12 des 36 hôpitaux ne sont que partiellement fonctionnels.
  • Israël a assiégé l’hôpital Nasser de Khan Younis pendant plus d’un mois. Les forces israéliennes ont notamment tiré et tué des personnes à proximité de l’hôpital et dans la cour de l’hôpital. Le 9 février, des tireurs embusqués israéliens ont tué au moins 21 Palestiniens près de l’hôpital assiégé, et des membres du personnel médical ont été pris pour cible. Le même jour, une infirmière a été abattue par un tireur d’élite israélien alors qu’elle se trouvait à l’intérieur de la salle d’opération. Le 12 février, les forces israéliennes ont tué sept Palestiniens et en ont blessé 14 autres dans la cour de l’hôpital. Les forces israéliennes ont émis des avertissements d’évacuation de tout le monde de l’hôpital depuis le 13 février. Le 13 février, des images ont montré des milliers de personnes s’abritant à l’intérieur de l’hôpital, forcées d’évacuer. Le 15 février, l’armée israélienne a bombardé le service d’orthopédie de l’hôpital, des tireurs embusqués encerclant l’hôpital ont ouvert le feu sur les personnes déplacées, tandis que les forces israéliennes ont pris d’assaut l’hôpital, ordonnant à toutes les personnes qui se trouvaient à l’intérieur de se rendre à Rafah. Des images montrent de la fumée et du chaos dans les couloirs de l’hôpital où l’on peut entendre des coups de feu. Les forces israéliennes ont en outre pris pour cible des personnes en fuite sur le passage qu’elles ont désigné comme sûr, blessant de nombreuses personnes. En outre, les forces israéliennes ont arrêté 70 membres du personnel médical et administratif. Le 18 février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que l’hôpital Nasser n’était plus fonctionnel. Au 23 février, environ 140 patients, leurs familles et des professionnels de santé se trouvaient toujours à l’hôpital, des centaines de patients et de membres du personnel ayant été transférés dans un bâtiment de l’hôpital. L’hôpital n’a pas d’électricité, de nourriture et d’eau en quantité suffisante, les eaux usées sont inondées, les déchets médicaux s’accumulent et les corps en décomposition de huit patients en soins intensifs qui sont morts par manque d’oxygène. Il a été rapporté que l’attaque d’Israël contre l’hôpital a pris fin le 22 février.5
  • L’hôpital Al Amal de Khan Younis, géré par le Croissant-Rouge palestinien, est toujours assiégé et attaqué par Israël depuis plus d’un mois. Le 30 janvier, Israël a fait une descente dans l’hôpital, exigeant que le personnel et les personnes déplacées qui s’y réfugiaient évacuent sous la menace d’une arme. Les forces israéliennes ont également tué deux membres du personnel du Croissant-Rouge palestinien près de l’hôpital. L’hôpital assiégé a été mis hors service. Le Croissant-Rouge palestinien a signalé le déplacement d’environ 8 000 personnes déplacées de l’hôpital le 5 février en raison de la poursuite des bombardements autour de l’hôpital. Lors d’un raid de dix heures sur l’hôpital le 9 février, les forces israéliennes ont endommagé les biens de l’hôpital, humilié, battu et interrogé le personnel, avant d’arrêter huit membres de l’équipe du Croissant-Rouge palestinien de l’hôpital, ainsi que quatre patients et cinq accompagnateurs de patients. Le 17 février, le Croissant-Rouge palestinien a publié des images montrant des signes de torture de deux médecins arrêtés la semaine précédente. Au 21 février, sept membres du Croissant-Rouge palestinien étaient toujours détenus par les forces israéliennes. Le Croissant-Rouge palestinien continue de faire état de bombardements d’artillerie sur l’hôpital, qui ont causé d’importants dommages à ses installations. Le 22 février, le Croissant-Rouge palestinien a indiqué que son système VHF, qui est le système central de communication avec toutes les équipes de terrain du Croissant-Rouge palestinien, avait été désactivé à la suite d’un bombardement israélien à proximité de l’hôpital Al Amal. L’hôpital est confronté à un manque de réserves de carburant pour produire de l’électricité pour les patients à haut risque et à un quasi-épuisement des réserves de nourriture.
  • Le 9 février, l’hôpital Al Shifaa de la ville de Gaza n’avait de nouveau que des fonctionnalités minimales, après des jours d’intenses attaques israéliennes dans ses environs. Le Dr Mohammad Abu Silmiyeh, directeur de l’hôpital Al Shifaa, a été soumis à la torture pendant sa détention. Il a été battu, maintenu nu pendant de longues périodes, soumis à des traitements dégradants et déshumanisants et ses deux mains ont été brisées. 6 On ignore ce qu’il est advenu du Dr Silmiyeh et où il se trouve.
  • Le 26 janvier, Israël a ordonné aux habitants de Khan Younis d’évacuer vers la région d’Al Sawasi. Le 29 janvier, Israël a de nouveau ordonné à plusieurs quartiers de la ville de Gaza d’évacuer vers le sud. Cette zone comprenait environ 88000 Palestiniens déplacés qui sont à nouveau déplacés de force. Le 20 février, Israël a ordonné aux habitants de deux zones spécifiques de la ville de Gaza d’évacuer vers la zone d’Al Mawasi à Khan Younis.
  • Depuis la décision de la CIJ, les responsables israéliens se préparent à une invasion terrestre de Rafah. Il y a aujourd’hui environ 1,5 million de Palestiniens à Rafah, dont la plupart ont été déplacés à l’intérieur du pays depuis le 7 octobre, « entassés dans l’insécurité et de graves pénuries d’abris, de nourriture, d’eau potable et de soins médicaux ». Malgré les condamnations internationales, y compris par les États, le procureur de la Cour pénale internationale et une autre demande adressée à la CIJ par l’Afrique du Sud, au sujet de l’offensive terrestre prévue à Rafah, Israël a promis de poursuivre son offensive terrestre. Lors d’un bombardement nocturne le 12 février, des frappes israéliennes ont tué 67 Palestiniens et en ont blessé des dizaines à Rafah. L’intensification des frappes aériennes sur Rafah a forcé le déplacement de la population vers Deir al Balah.
  • Le 4 février, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a indiqué que 2,2 millions de personnes à Gaza étaient menacées de famine de façon imminente. Parmi elles, 378 000 personnes souffrent d’un manque extrême de nourriture, de la famine et de l’épuisement des capacités d’adaptation, et 939000 personnes sont en situation d’urgence. Le 12 février, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a déclaré : « Chaque jour, de plus en plus de personnes sont au bord de la famine… Il y a des niveaux sans précédent d’insécurité alimentaire aiguë, de faim et de conditions proches de la famine à Gaza ». Dans une vidéo du 19 février, on voit des milliers de Palestiniens de la ville de Gaza courir pour obtenir de l’aide alimentaire à l’arrière de camions alors que les forces israéliennes ouvrent le feu sur eux. Le 22 février, Save the Children a rapporté que les familles sont obligées de « chercher des restes ou de la nourriture laissés par les rats et de manger des feuilles par désespoir de survivre », alors que les réserves d’aide diminuent rapidement.
  • Les niveaux catastrophiques de famine s’intensifient dans toute la bande de Gaza, avec un risque croissant de décès dus à la faim, en particulier dans le nord de la bande de Gaza. Le 11 février, Anera a souligné que « dans les circonstances tragiques de la famine à Gaza, il y a un problème qui s’aggrave : beaucoup de ceux qui meurent de symptômes liés à la famine ne sont pas documentés avec précision. Leur mort est souvent attribuée à d’autres causes physiques, masquant ainsi le véritable bilan de la famine.
  • Le 13 février, l’UNRWA a signalé des flambées d’hépatite A et des taux alarmants de diarrhée à Rafah, qui peuvent être mortelles s’il n’y a pas assez d’eau potable. L’OMS a signalé qu’entre le 16 octobre et le 13 février 2024, 312693 cas d’infections respiratoires aiguës, 222620 cas de diarrhée aqueuse aiguë, 74712 cas de gale et de poux, 49 052 cas d’éruptions cutanées, 6625 cas de varicelle et 8829 cas d’ictère aigu ont été signalés.
  • Pas d’accès à l’eau potable dans les gouvernorats du nord.

Actes génocidaires en cours – Imposer des mesures visant à empêcher les naissances

  • En novembre, l’ONU a signalé que 50000 femmes enceintes à Gaza risquaient d’accoucher sans risque, de mourir de leur mère, de faire des fausses couches, d’accoucher de mortinaissances et de naître prématurément en raison de la malnutrition, du manque d’accès aux soins de santé et aux services de base et des déplacements continus. La situation n’a fait qu’empirer depuis lors avec l’attaque directe contre le système de santé de Gaza et l’utilisation de la famine comme arme de guerre. Le 16 février, le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a déclaré : « Lorsque des mères doivent enterrer au moins 7 700 enfants et que 5 500 femmes ne savent pas si elles pourront accoucher en toute sécurité d’ici le mois prochain, les principes fondamentaux [des droits humains] sont remis en question. »
  • Le 16 février, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a souligné que 500 000 cas de maladies transmissibles avaient été signalés à Gaza, soulignant l’impact particulier sur les femmes. L’agence onusienne a déclaré : « Les femmes feraient des fausses couches à un taux plus élevé qu’avant la guerre, et dans de nombreux cas, les césariennes, les amputations et autres chirurgies sont effectuées sous anesthésie partielle en raison d’un manque de fournitures. Tout le monde à Gaza a faim, y compris 50000 femmes enceintes, et la malnutrition les rend plus vulnérables aux maladies et moins aptes à se rétablir. L’UNFPA a averti : « Si les bombes ne tuent pas les femmes enceintes, si la maladie, la faim et la déshydratation ne les rattrapent pas, le simple fait d’accoucher pourrait le faire. »
  • Le 19 février, l’UNICEF a fait état d’une « forte augmentation de la malnutrition chez les enfants et les femmes enceintes et allaitantes dans la bande de Gaza », en particulier dans le nord, ajoutant que 95 % des femmes enceintes et allaitantes sont confrontées à une grave pauvreté alimentaire. L’agence a ajouté : « La bande de Gaza est sur le point d’assister à une explosion des décès d’enfants évitables, ce qui aggraverait le niveau déjà insupportable de décès d’enfants à Gaza. Si le conflit ne se termine pas maintenant, la nutrition des enfants continuera de s’effondrer, entraînant des décès évitables ou des problèmes de santé qui affecteront les enfants de Gaza pour le reste de leur vie et auront des conséquences intergénérationnelles potentielles.

Perturbation de l’aide humanitaire

  • Israël a entravé l’accès des travailleurs humanitaires et l’acheminement de l’aide à Gaza.
  • Le 12 février, l’OMS a déclaré que l’aide humanitaire fournie jusqu’à présent à Gaza était “une goutte d’eau dans l’océan des besoins qui continuent de croître chaque jour”. Le secrétaire général des Nations unies, M. Guterres, s’est dit préoccupé par la détérioration des conditions auxquelles sont confrontés les travailleurs humanitaires à Gaza, où les convois ont parfois été la cible de tirs des forces israéliennes.
  • La quantité d’aide acheminée quotidiennement à Gaza a diminué par rapport au nombre moyen de camions entrant quotidiennement dans la bande de Gaza avant le 26 janvier. Avant le 7 octobre, le nombre moyen de camions entrant à Gaza chaque jour était d’environ 500. Entre le 12 et le 25 janvier, 156 camions sont entrés en moyenne chaque jour. Entre le 26 janvier et le 8 février, 134 camions sont entrés à Gaza chaque jour en moyenne. L’acheminement de l’aide a continué à diminuer au cours des semaines du 9 au 22 février, pour atteindre 55 camions par jour en moyenne.
  • Le refus d’acheminer l’aide dans le nord de la bande de Gaza est particulièrement alarmant. Selon l’OCHA, entre le 1er janvier et le 15 février, moins de 20 % des missions d’aide au nord de Wadi Gaza ont été facilitées par les autorités israéliennes et 51 % ont été refusées. L’UNRWA a indiqué que la dernière fois qu’il a pu livrer de l’aide alimentaire au nord de Gaza, c’était le 23 janvier.
  • Le 20 février, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé qu’il suspendait l’acheminement de l’aide dans le nord de Gaza « jusqu’à ce que des conditions sûres soient en place pour notre personnel et les personnes que nous essayons d’atteindre ».
  • Juste après que la CIJ a ordonné à Israël de veiller à ce que les services de base et l’aide humanitaire parviennent aux Palestiniens, Israël a allégué que des employés de l’UNRWA avaient été impliqués dans l’attaque du 7 octobre. Suite à cela, 18 États ont suspendu leurs dons à l’agence. Le ministre israélien du Logement et de la Construction, Goldknopf, a ordonné à l’Autorité foncière israélienne d’annuler immédiatement tous les contrats de location avec l’UNRWA et de l’expulser de son siège principal à Jérusalem. Le 11 février, le chef de l’UNRWA a déclaré que l’agence était confrontée à des obstacles administratifs croissants de la part d’Israël, avec une cargaison d’un mois d’approvisionnement alimentaire bloquée.
  • Au cours du mois dernier, les Israéliens ont manifesté pour bloquer l’entrée des camions d’aide humanitaire à Gaza au point de passage de Karem Abu Salem.
  • Le fait qu’Israël prenne pour cible la police civile entrave l’acheminement de l’aide.
  • Israël a continué de cibler les camions d’aide humanitaire. Le 5 février, les forces israéliennes ont ouvert le feu sur un convoi de l’ONU transportant des vivres vitaux dans le centre de Gaza avant d’empêcher les camions de progresser vers la partie nord du territoire, bien que l’ONU et Israël se soient mis d’accord sur l’itinéraire du convoi. En conséquence, une grande partie du contenu du convoi, principalement de la farine de blé, a été détruite.
  • Des incidents de prise pour cible de Palestiniens alors qu’ils attendent des convois d’aide humanitaire continuent d’être signalés dans la ville de Gaza. Le 19 février, cinq Palestiniens ont été tués par des quadricoptères israéliens alors qu’ils se rassemblaient en vue d’une éventuelle livraison d’aide humanitaire au rond-point d’Al Kuwaiti. Le 18 février, au moins un Palestinien a été tué et d’autres blessés lorsqu’un groupe qui attendait une aide humanitaire au rond-point d’Al-Nabulsi a été la cible de tirs.

Incitation publique au génocide

  • Aucune charge n’a été retenue contre un fonctionnaire pour incitation publique au génocide.
  • Le 28 janvier, 11 ministres israéliens et 15 membres de la Knesset ont participé à une conférence à Jérusalem, intitulée « Les colonies apportent la sécurité », appelant à la reconstruction des colonies exclusivement juives à Gaza et au déplacement des Palestiniens. Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré : « Si Dieu le veut, nous nous installerons et nous serons victorieux. » Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a déclaré à l’auditoire qu’il était « temps de rentrer chez nous à Gush Katif » – le nom du bloc de colonies israéliennes illégales construit à Gaza et démantelé en 2005. Le ministre des Communications, Shlomo Karhi, a appelé à la construction de colonies à Gaza et à « l’encouragement de l’émigration volontaire ».
  • Commentant l’invasion terrestre à Rafah, le Premier ministre Netanyahou a déclaré le 11 février : « Nous allons le faire. Nous allons avoir les bataillons terroristes restants du Hamas à Rafah, qui est le dernier bastion, mais nous allons le faire… Nous avons réussi jusqu’à présent et nous allons réussir encore. Ceux qui disent qu’en aucun cas nous ne devrions entrer à Rafah disent en gros de perdre la guerre.
  • Pendant ce temps, le ministre israélien des Affaires étrangères, Katz, affirmant qu’Israël respecte le droit international, a déclaré : « Les appels à limiter la défense d’Israël ne font que renforcer le Hamas. Rassurez-vous, Israël est résolu dans sa mission de démanteler le Hamas.
  • Le ministre israélien des Finances, Smotrich, a déclaré que « la pression américaine ou la peur de nuire aux civils ne devraient pas nous dissuader d’occuper Rafah et de détruire le Hamas ».
  • Smotrich a ajouté qu’il avait décidé de bloquer le transfert de l’aide alimentaire à Gaza.
  • Le 13 février, le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a déclaré que ses forces avaient accompli de « très hauts exploits militaires » à Gaza, mais qu’il restait « un long chemin à parcourir… Au cours des dernières décennies, il n’y a pas eu d’armée qui a manœuvré dans une zone urbaine et dense… Les soldats de Tsahal s’en sortent avec beaucoup de succès et les réalisations militaires sont extraordinaires.
  • Le 12 février, lors d’une réunion du cabinet, Ben-Gvir a demandé à l’armée de tirer sur les femmes et les enfants palestiniens de Gaza.
  • Lors d’un débat à la Knesset le 19 février, May Golan, ministre israélienne de la Promotion de la femme, a exprimé sa fierté pour les « ruines » de Gaza assiégée et a déclaré : « Nous n’avons pas honte de dire que nous voulons voir des soldats israéliens, nos saints héros, attraper Sinwar et ses terroristes par les oreilles et les traîner à travers la bande de Gaza jusqu’aux cachots de l’Autorité pénitentiaire. Ou, dans le meilleur des cas, dans un cercueil. Je suis personnellement fier des ruines de Gaza, et du fait que chaque bébé, même dans 80 ans, racontera à ses petits-enfants ce que les Juifs ont fait. Pas une colombe, ni un rameau d’olivier, seulement une épée pour trancher la tête de Sinwar.

Cette note a été préparée par :

  • L’Institut palestinien pour la diplomatie publique (PIPD)
  • Le Centre Bisan pour la recherche et le développement
  • Le Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR)
  • Le Centre Al Mezan pour les droits de l’homme
  • Le Centre des femmes pour l’aide juridique et le conseil (WCLAC)
  • L’initiative palestinienne pour la promotion du dialogue global et de la démocratie – MIFTAH
  • Al-Haq, le droit au service de l’homme
  • Addameer Prisoner Support and Human Rights Association (Association de soutien aux prisonniers et de défense des droits de l’homme)
  • Le Comité national palestinien BDS

Pour toute question connexe, veuillez nous contacter à l’adresse suivante : info@thepipd.com ; media@bisan.org ; basel.alsourani@pchrgaza.org

1[1] Selon le ministère palestinien de la santé entre le 26 janvier et le 25 février 2024.

2Ibid.

3Selon le suivi du Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR).

4Ibid.

5Les témoignages des médecins de l’hôpital depuis le 13 février peuvent être consultés sur ce Google drive : https://drive.google.com/drive/folders/1JfjU8mH3YOz-v5wvw3ziM6nwMCzaPN0M .

6Témoignage du Dr Bilal Azzam au nom du Dr Mohammad Abu Silmiyeh, lors de la conférence internationale pour la reconstruction du secteur de la santé à Gaza, 7 février 2024, Jordanie.

Gaza une nouvelle fois sous les bombes, une agression israélienne que la France doit condamner

Le 12 novembre, l’armée israélienne a repris ses bombardements sur la Bande de Gaza, combinant des assassinats ciblés extra-judiciaires, et des bombardements de structures civiles, dont les bureaux d’une organisation de défense des droits de l’Homme. Le bilan ce matin [14 novembre] est de 32 morts dont une famille de 8 personnes tuée ce matin (parmi eux 5 enfants), de 111 blessés et de nombreuses destructions.

En réaction, des roquettes ont été tirées vers le territoire israélien par l’organisation visée, le Jihad islamique, ne faisant aucune victime dans la population israélienne.
Dans un communiqué publié hier [13 novembre] par le ministère des Affaires étrangères, la France « condamne les tirs de roquette » sans dire un mot des assassinats ciblés ni des bombardements visant la Bande de Gaza et de leurs nombreuses victimes. C’est une déclaration indigne, qui donne un « permis de tuer » à l’armée israélienne.

Alors que les observateurs, en particulier israéliens, soulignent l’intérêt politique et personnel du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à une escalade militaire, et alors que l’Histoire montre que l’État israélien est toujours intervenu par ce type de provocation pour saper toute tentative de réunification palestinienne, il est d’une extrême urgence d’exiger de l’État d’Israël, puissance occupante, l’arrêt de toute opération militaire contre la Bande de Gaza, et des massacres de la population civile qui les accompagnent.

Dans la Bande de Gaza, le blocus qui dure depuis plus de 12 ans rend la vie de la population impossible, nourrit le désespoir et détruit la société palestinienne. Aucun effort de paix ne peut aboutir sans une levée préalable et sans condition de ce blocus criminel et inhumain.

Le Bureau national de l’AFPS, 14 novembre 2019

Les photos et les noms des Gazaouis tués depuis le début des bombardements sont à retrouver dans cet article de Middle East Eye.

Israël va imposer un bouclage général sur la Cisjordanie et Gaza

BETHLEHEM (Ma’an) – Les autorités israéliennes ont déclaré qu’un bouclage générale serait imposée à la Cisjordanie occupée et à la bande de Gaza à compter de minuit lundi et jusqu’à minuit mercredi, alors que les Israéliens se préprent à se rendre aux urnes.

En outre, les points de contrôle et les points de passage en Cisjordanie et à Gaza seront bouclés et l’entrée en Israël réservée aux détenteurs de permis délivrés par Israël sera interdite, à l’exception des cas humanitaires et médicaux.
Ces restrictions affectent les moyens de subsistance de dizaines de milliers de Palestiniens. La pauvreté débilitante et le manque d’emploi poussent de nombreux travailleurs de la Cisjordanie occupée à aller en Israël à la recherche d’un travail. L’imposition de bouclages sur le territoire palestinien par Israël compromet gravement les moyens de subsistance de centaines de milliers de Palestiniens qui dépendent de l’entrée en Israël ou de ses colonies de peuplement illégales pour trouver un emploi. Pendant ce temps, la majorité des plus de 2 millions de Palestiniens de la bande de Gaza sont enfermés à l’intérieur de l’enclave côtière en raison d’un blocus militaire de plus de dix ans imposé par Israël et maintenu par l’Égypte à la frontière sud.

Comment les tirs incessants contre des civils non armés ne font-ils pas l’actualité ?

Nous savons que des tireurs d’élite israéliens ont tiré sur des femmes, des enfants, des retraités, des amputés, des médecins et des journalistes non armés lors des marches du grand retour, à l’intérieur de ce qu’ils prétendent être le territoire inoccupé de Gaza. Hier, ils ont eu un vendeur de café.

Comment les tirs incessants contre des civils non armés ne font-ils pas l’actualité ?

Peter Cohen, sur facebook