Dimanche 14 octobre - Cueillettes solidaires entre les colonies de Barqan et de Revava

Départ de Farhka à 9 heures pour rejoindre la mairie de Salfit où nous attendaient les officiels de l’autorité palestinienne (police, pompiers, maire des villages alentours, ministère de l’agriculture…). Nous arrivons sur le lieu des cueillettes d’olives au Sud de Bidya à proximité des colonies de Barqan et Revava : il y a beaucoup de monde et des médias.
Il y avait également d’autres internationaux présents. C’était une opération de communication de la part des autorités locales, une journée hautement symbolique de cueillettes.
Par la suite, aux alentours de midi nous nous sommes rendus à la demande du maire aux funérailles de la mère palestinienne tuée par les colons deux jours auparavant. Nous avons été accueillis dans deux salles séparées. Les hommes de leur côté, ont rencontré la famille de la défunte et ont entendu les prises de paroles successives des officiels présents. Pour les femmes nous avons été accueillis dans la maison familiale.
C’était un moment de recueillement très chargé d’émotions.
On nous a témoigné à plusieurs reprises de l’importance de la présence internationale et de notre rôle de témoins lors de notre retour en France.
Nous sommes rentrés à Farhka et après un court moment de repos, nous avons été travailler dans l’éco-ferme en contrebas du village.
A la fin du repas, nous avons  visionné des films présentant le village et le festival de Farhka.

14 octobre, deuxième journée de cueillette dans le sud de la Cisjordanie occupée

À 4h00 ce matin, comme tous les jours, un groupe de bénévoles a accompagné R. dans ses vignes pour cueillir du raisin et le vendre au marché de gros.

Ensuite à 8h00 tout le groupe s’est rendu à l’ouest de Bethléem, à Al Walaja, village coupé en deux en 48 par la Nakba. Nous avons accompagné Salah dans ses vignes tout près du mur de séparation. Il n’y a eu aucun incident et nous avons récolté toutes les olives de sa parcelle.

A la fin, il nous a montré un immense olivier cinq fois millénaire, nous avons mangé et dormi à l’ombre de cet arbre.

En allant vers Bethléem, nous avons longé une colonie en construction, Har Gilo

L’après-midi, nous nous sommes promenés à Bethléem. Nous sommes allés voir le mur de séparation où les Palestiniens ont dessiné des graffs

13 octobre : cueillette des olives à Al Tawani

1ère journée de cueillette dans le Sud de la Cisjordanie occupée

A 4h00 du matin, un petit groupe a accompagné l’agriculteur qui nous héberge dans ses vignes pour cueillir du raisin et le vendre au marché de gros. Il nous a expliqué qu’au mois de juin, le long de la route de contournement, les colons sont venus de nuit avec des tronçonneuses électriques, quatre nuits sur 2 à 3 semaines, et ont détruits 1200 pieds de vigne ce qui correspond à une grosse exploitation. Ce vandalisme a provoqué des protestations très fortes, soutenues par la France et le ministre-président de la Wallonie en Belgique.

Après le petit-déjeuner, nous sommes allés cueillir dans des oliveraies situées au sud de la Cisjordanie, dans le village d’Al Tawani, près de la colonie de Ma’on et particulièrement d’une extension – illégale du point de vue de la loi israélienne de cette colonie. Nous avons rejoint les familles dans le bas de la colline – et ils nous ont montré les oliviers détruits la semaine précédente. Plus loin d’autres champs étaient vidés de leurs arbres. De plus, quelques jours avant notre passage, les oliviers de la parcelle la plus proche de la colonie avaient été pillés. Les paysans nous expliquent qu’ils sont agressés très souvent par les jeunes colons à coups de pierres. Parfois, ils lâchent aussi leurs chiens sur les paysans, comme nous avons pu le voir sur une vidéo. Un homme est arrivé en boitant : sept mois auparavant, alors qu’il était avec son fils, une vingtaine de colons lui ont jeté des pierres, le blessant gravement (fracture du fémur). Son fils est parti en courant pour donner l’alerte.

Les oliviers massacrés

Les colons jettent aussi des pierres sur les enfants qui se rendent à l’école. Le chef du village nous a expliqué que pendant 10 ans, des observateurs étrangers ont permis de les protéger un tant soit peu, d’abord des Américains, puis des Italiens ces 5 derniers années. Il recherche à présent d’autres observateurs qui pourraient se relayer, en échange du gîte et du couvert.

Pendant notre cueillette, trois soldats israéliens nous observaient, nonchalamment allongés, à 200 mètres de nous. Plusieurs fois dans la journée, nous avons vu les jeeps de la relève se succéder. Ainsi, cette colonie « illégale » est néanmoins protégée par des militaires.

Détachement de protection militaire “légal” d’une colonie “illégale”

Dans la matinée, nous avons été rejoints par un groupe d’Israéliens de l’association Tayoush qui vient chaque samedi soutenir les Palestiniens soit pour la cueillette, soit pour accompagner les bergers dans la montagne.

Ce grand groupe a permis d’une part de cueillir toutes les olives de cette propriété, d’autre part d’échanger avec les familles et les Israéliens. Ces présences ont été fortement appréciées par les familles qui nous ont offert le déjeuner avant notre départ.

En fin d’après-midi, nous avons visité succinctement la coopérative Al Sanabel et surtout nous avons écouté les explications sur l’histoire de la vigne en Palestine depuis l’Antiquité jusqu’à la création de la coopérative et ses perspectives. Pour finir, les agriculteurs nous ont offert un délicieux barbecue.

Cueillette des olives en Palestine occupée. Journée du 10 octobre, près de la colonie de Neria.

Ce matin nous nous sommes rendus à Ras Karkar en direction de Ramallah près de la colonie de Neria (aussi connue sous le nom de Talmon Tzafon) ou nous avions une cueillette organisée par le PARC. Nous avons été rejoints par un groupe scolaire. Notre groupe a été divisé en deux. Un groupe s’est retrouvé dans une oliveraie ou plutôt ce qu’il en reste, vu que la colonie a prévu son agrandissement en détruisant des oliviers, en construisant une route. On voit d’ailleurs sur la photo les chiffres peint sur les murs de terrasses fixant les limites à ne pas dépasser pour les paysans.

Les marques bleues sur les pierres indiquent la limite de la colonie de Neria. Au delà, les oliviers ont été arrachés.

L’autre groupe est resté avec les collégiens et a cueilli avec eux. Les oliviers avaient été quelques jours auparavant pillés par des colons sur la partie basse.

À un moment les élèves sont tous partis,sur demande de leur professeur. Celui ci ayant surréagi à l’apparition de soldats près de l’emplacement d’arrivée des cars à quelques centaines de mètres de la cueillette.

Des journalistes sont arrivés et sont restés avec eux toute la matinée. Deux d’entre nous ont été interviewés par plusieurs médias.

Sur la route du retour, notre véhicule a été stoppé une première fois par un camion militaire manipulant des blocs de béton, encadré par des militaires en position de tir. La deuxième fois par un barrage militaire a proximité d’une colonie, un soldat a pris tous les passeports et nous les redonne collectivement sans les regarder.

Ce soir, nous avons visité la coopérative des femmes de Farkha ou des femmes font de la transformation, en ce moment de la harissa, plus tard des cornichons aigre doux, et l’hiver du savon.

Elles sont organisées en banque mutuelle (capital de 500 000€) avec près de 500 sociétaires . Le taux est assez élevé (10{49c69444adfa0b057aa5591c65ae37ccec5e603da12fa952fa85b5f3d8016590}) mais comme le fonctionnement est vraiment mutualiste ,le résultat de la banque sert à tout le monde.

Nous avons également vu l’école maternelle dont les coûts sont assumés par les parents utilisateurs.

Ce soir au moment d’écrire ce texte la famille est en train de tout installer pour un spectacle de danse dabkeh.

Cueillette des olives dans le district de Salfit


Lever ce matin à 5h30 afin d’accompagner trois familles dont les champs se situent de l’autre côté de la “barrière de sécurité” isolant la colonie d’Ariel. Organisation parfaite de nos partenaires palestiniens. Nous nous retrouvons à 6h30 devant la grille, avec les trois familles que nous devons accompagner. Nous sommes donc divisés en trois groupes.

Nous attendons patiemment l’arrivée des militaires israéliens qui ouvrent finalement la grille à 7h15. Une famille palestinienne passe alors sans problème puis c’est le tour du premier groupe des français au nombre de quatre qui franchissent apparemment sans encombre le barrage avec l’obligation (surprenante) de laisser aux militaires leurs passeports ce que les autres groupes (un peu en retrait) ne réalisent pas immédiatement. Le deuxième groupe tente alors de passer et exprime sa réserve discrète sur le fait de laisser leur passeport. Ils interrogent alors le coordinateur palestinien qui conseille d’obéir, ce qu’ils font.

Le casse-tête de la récolte, pour des propriétaires de terres enfermées par le mur d’annexion… En arrière-plan, la colonie d’Ariel.Le comportement des militaires change alors (peut être suite au passage d’un gradé) car ils demandent à ceux qui ne sont pas encore passes de rappeler sans explication aucune le premier groupe déjà arrivé sur son lieu de cueillette. À partir de ce moment les militaires expriment leurs refus – poli mais ferme – de nous laisser passer, malgré une insistance calme de notre part.

Devant leur refus, nous repartons la mort dans l’âme et allons debriefer au bureau du Palestinian Agricultural Relief Committees à Salfit. Cet échange a permis de lever les incompréhensions et a accru la cohésion du groupe. Visite ensuite de l’écoferme où nous retournons travailler l’après-midi et plantons un grenadier marquant notre passage. Nous y retrouvons Arafat Abu Ras, paysan, mais également travailleur au ministère des affaires sociales, qui nous explique la situation dramatique de son village, As Sawiyah (situé à 18 km au sud de Naplouse) soumis à des pressions permanentes des colons de Eli, ne sachant pas si il devait en référer à l’Autorité Palestinienne ou finalement se résigner au joug de l’occupant.