18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée - Farkha, 19 Octobre

Graffiti dans le village
À l’arrêt de bus…

Premier jour de travail dans le champ de notre hôte. Les olives sont très belles, les arbres bien garnis et le temps idéal. Que demander de plus ?

Étant donné que nous cueillons comme des pros, le travail est fini vers 11h  nous pouvons rentrer nous doucher, ce qui n’est pas du luxe ! Peu de temps après nous retournons  au pressoir car il faut aller y presser les olives.

C’est le deuxième jour de pressage pour les fermiers de la coopérative que dirige Baker. C’est très pratique pour eux car leurs olives étant bio, s’il faut presser après une coop non bio, tout le matériel doit être lavé. Il est donc très content de passer en premier ! Les olives n’attendent pas, donc le pressoir est ouvert jour et nuit pendant cette période. Cette coopérative regroupe trois coops de Farkha et des environs, et dix-huit fermiers utilisent le pressoir. A l’entrée, un grand panneau indique le nom des O.N.G. qui soutiennent ce projet (dont l’AFPS, OXFAM, le PARC…).

En fin d’après-midi nous avons assisté et participé à la fabrication de galettes de pain et de galettes sucrées à l’anis, ce qui a été une expérience étonnante tant sur le plan visuel que gustatif.

18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée - Halhul, 19 Octobre

Aujourd’hui, premier jour de cueillette de la semaine du 18 au 24 octobre à Halhul, nous partons pour El Jab’a. Ce petit village de 1000 habitants, situé  à 20 km au nord ouest de Halhul, est encerclé par le mur de séparation avec Israel et par plusieurs colonies. L’une d’entre elle, Bet Ayin, est connue pour sa virulence envers les palestiniens.
Une partie de la colonie est depuis plusieurs années en expansion illégale (y compris du point de vue officiel des autorités israéliennes). C’est au pied de celle-ci, par une marche d’approche dans la vallée, que nous tentons de nous rendre pour cueillir les olives, appartenant, depuis plusieurs générations, aux villageois d’El Jab’a.
En arrivant sur les lieux, à une centaine de mètres des premières maisons, le constat est accablant : les olives ont, en grande partie, été cueillies et donc volées par les colons. En quelques minutes ils détectent notre présence et se réunissent. Du côté palestiniens, les paysans palabrent. L’un d’entre eux appelle les militaires, qui nous ordonnent de quitter les lieux au plus vite. Aujourd’hui samedi, jour de shabbat, il n’y a pas de militaire disponible pour surveiller la cueillette. Nous nous déportons donc sur un autre champ, plus en retrait. Après une demi heure de cueillette, s’approche un drone (de l’armée ou de la colonie ?), à moins de 3 mètres, pour nous filmer. Les paysans décident de retenter leur chance au plus proche de la colonie. Certains palestiniens, restés à proximité du village d’El Jab’a, nous alertent que des colons armés, font le tour de la montagne pour nous encercler. Nous partons à travers champ, suivis (de loin) par une dizaine de colons. Arrivent alors les militaires israéliens pour apaiser les tensions. Les colons de Bat Ayin sont dangereux et connus des services d’ordre : ils ont, en cinq ans, blessé deux fois par balle des villageois d’El Jab’a, lors des cueillettes. La semaine dernière, c’est un jet de pierre qui a gravement blessé un paysan. En arrivant sur la route bitumée menant au village, environ cinq colons armés nous encerclent, nous injurient, nous bousculent et nous filment. La tension monte extrêmement vite entre palestiniens tentant de nous défendre et colons visiblement hors d’eux. S’ensuivent échauffourées, injures, jets de pierres et un coup de feu tiré en l’air par un colon.
Nous nous réfugions sur la terrasse d’une propriété à proximité, alors que la police et l’armée, récemment arrivées, apaisent la situation. D’après notre interlocuteur, un colon est envoyé au poste pour avoir pénétré en zone palestinienne, les autres sont invités à rentrer chez eux, en toute impunité. Cette triste péripétie illustre le quotidien de paysans palestiniens fermement déterminés à conserver et exploiter la terre de leurs aïeux, face à une colonisation effrénée, honteusement soutenue et cautionnée par le gouvernement sioniste.

18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée - Jérusalem

Départ du groupe à Jérusalem pour une rencontre avec Michel Warschawski, sur le thème : “situation politique à l’intérieur d’Israël” . Israël connaît une grave crise institutionnelle en relation avec les élections.

Il n’y a aucune différence de contenu entre le programme des deux listes arrivées en tête aux élections du parlement (liste du Likoud et liste bleu/blanc, dite des généraux), sauf sur la CORRUPTION.

B. Netanyahou a quatre procédures judiciaires à son encontre.

La corruption est un système endémique en Israël depuis très longtemps.

“La révolution sioniste est morte. Israël que les pères fondateurs nous ont donnée est morte à cause de la politique coloniale et de la corruption” Avraham Burg

Contre cet arbitraire, Michel W. pense qu’il y a des garde-fous :

  1. Le rôle de la Cour Suprême de justice (qui a déclaré la torture illégale à l’initiative juridique de Michel W. il y a 10 ans)
  2. Les médias, libres, même si soumis à la loi du marché
  3. L’appareil sécuritaire, force modératrice contrairement à ce qu’on peut penser.

Il a aussi abordé le sujet des accords d’Oslo et en a fait la critique.

Ensuite Michel W. refait l’historique du mouvement de la Paix de son origine en 1982, jusqu’à son “suicide” en août 2000.

A ce propos il utilise l’image du vélo avec une “grande roue” qui représente l’opinion publique (sensibilisation au mouvement de la paix) et qui est entraînée par la “petite roue” du mouvement militant et activiste. Il illustre ceci par des exemples tirés de son vécu.

Dans la difficulté à mobiliser l’opinion publique israélienne, il constate quatre causes :

  1. La sécurité nationale
  2. La sécurité individuelle
  3. La prospérité économique
  4. Les bonnes relations internationales

Pour Michel W. la question palestinienne est plus la question des réfugiés et du retour que la création d’un ou deux états ou un problème de frontière.

Pour mot de la fin : Ne pas oublier de militer pour BDS = Boycott Desinvestissement Sanction

sdr

18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée - Halhul, 17 Octobre

Et voilà déjà le dernier jour à Halhul pour notre groupe… nous partons de bon matin en direction de Jalud au Nord de Ramallah et Sud-Est de Naplouse pour une cueillette d’olive.

Nous y retrouvons une quarantaine de volontaires internationaux affiliés notamment à Via Campesina et à l’UAWC (Union of Agricultural Work Committies – ONG Palestinienne d’appui aux activitées paysannes). Au total c’est un groupe d’au moins 9 nationalités ( Palestine, Brésil, Espagne, Afrique du Sud, Honduras, Mozambique, États-Unis, etc.) qui se retrouvent, échangent, grimpent aux arbres et aux échelles pour y cueillir les olives avec des “campesinos” Palestiniens.

C’est au cours de ces échanges que nous apprendrons que la veille, non loin d’ici, à proximité du village de Burin des colons ont débarqué pendant la récolte en menaçant, mettant à sac l’oliveraie et agressant physiquement trois volontaires internationaux dont une femme de 70 ans. Des représentantes de ” international Women’s peace service” étaient présentes. Zone particulièrement tendue, les paysans palestiniens et leurs terres y sont régulièrement victime des actes de violence et des exactions des colons. En l’espace de 3 semaines, au moins 2 champs ont été totalement ravagés par les flammes.

Sur le chemin retour, longues heures de bus (4h pour seulement 90 km de routes) chacun(es) aura eu le temps de se remémorer les slogans partagés et scandés avec les autres volontaires : ” Mondialisons la lutte, mondialisons l’espoir…. Free Palestine”.
Demain, nous rejoindrons Jérusalem et les autres groupes pour y rencontrer Michel Warchawski.

18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée - Halhul, 16 Octobre

De bon matin nous avons cueilli 600 kilos de raisin noirs pour Gaza, heureux de participer à ce “pont entre deux mondes”…
Pour autant c’est seulement après de nombreux contrôles ( quantité/pesticides… ) et taxations ( changements de transports selon la zone… ) effectués par les pouvoirs Israéliens, que ces soixante caisses de raisin arriveront, d’ici à trois ou quatre jours, dans les commerces des Gazaouis, avec qui le contact est impossible.
La bande de Gaza compte environ 2 000 000 d’habitants, dont 700 000 dans la ville même, pour 40 kilomètres de long et 5 à 11 kilomètres de large ( 51 kilomètres de frontière avec Israël et 11 avec l’Egypte ), ce qui fait 4800 Gazaouis au kilomètre carré.
Gaza est colonisée par les Israëliens depuis la guerre des six jours et est gouvernée par le Hamas depuis 2007.
Aujourd’hui rien ni personne n’entre ni ne sort de la bande sans autorisation et passage aux check-points Israéliens
À la coopérative nous avons ensuite poursuivi le processus de fabrication du jus de raisin par la mise en bouteilles, environ 2200 litres de jus ayant été longuement pressé la veille.
Une belle et riche idée que cette coopérative qui, par la fabrication de ses produits ( différents jus, pressage pour le Debs faits par les coopératives de femmes… ), soutient les paysans pour vivre de leur travail, en limitant les pertes. Essentiel afin qu’ils continuent de cultiver, avec détermination et dignité, malgré l’omniprésence des colonisateurs sur leurs terres.
En fin de journée nous assistons à une manifestation officielle à la mairie de Halhul, qui remercie  les participants de la fête du raisin, festival qui a lieu chaque année dans la ville fin septembre… si jamais le cœur vous en dit 😉
Enfin nous filons à l’usine de kufiya de Hébron ‘Hirbawi”, passage obligé avant notre départ prochain. Vieille de 58 ans, cette entreprise familiale est la dernière encore  en activité en Palestine, cette méthode traditionnelle de fabrication étant en voie de disparition. Il nous faudra une bonne heure de négociation habile pour finalement repartir avec nos achat direction Halhul.